Apprendre les WC aux veaux…un jeu d’enfant !
A la fin de ma
première année de BTS j’ai effectué un stage de trois mois au Canada. Je
voulais partir dans un pays développé et anglophone car je souhaitais m’améliorer
en langue. J’ai alors cherché un lieu de stage correspondant à ces critères et,
après de nombreux mails insistants et des dossiers administratifs forcément
complexes, j’ai atterris le 2 juin 2013 sur la côte ouest du Canada : à
Vancouver… les premiers mots d’anglais, l’immensité de la ville, la vie
nocturne de cette grande métropole… le grand bain quoi! Après une première
nuit en Auberge de Jeunesse direction Agassiz, un petit village à deux heures
de route. Installation dans ma famille d’accueil et aussitôt première visite à
mon lieu de stage : le Centre de Recherche Agricole et Agro-alimentaire du
Pacifique.
Dans le
laboratoire d’éthologie (étude du comportement animal) où je travaillais,
Alison Vaughan une doctorante Écossaise menait une étude sur des génisses
laitières de renouvellement. Sa recherche était basée sur l’aptitude des veaux
laitiers à apprendre et se souvenirs d’actions répétées afin de les reproduire d’eux-mêmes
par la suite,
le but était d’apprendre aux veaux à devenir
propre. Original n’est-ce pas ?
A première vue cette recherche semble
ridicule. Et bien non, loin de là, une vache laitière produit plus de 30 Kg
d’effluents par jour, cents vaches trois tonnes/jour, bonjour le problème. Mais
pourquoi vouloir apprendre aux veaux à faire leurs déjections dans un lieu
précis? Très bonne question, car quelque soit le lieu la quantité produite
reste la même. Mais si nous arrivons à collecter en un seul point tous ces
effluents cela bouleversera toute la conception d’un bâtiment d’élevage
bovin, l’impact sur l’environnement en sera fortement réduit, il n’y aura plus
d’écoulements de jus, beaucoup moins de gaz produits par la litière stagnante,
le gain économique sera énorme par la diminution des quantités de pailles et
sciures utilisés, sans compter l’amélioration
des conditions sanitaires (mammites…) grâce à une stabulation toujours
relativement propre. Tout cela apportera plus de bien-être et de sécurité aux
animaux mais aussi facilitera grandement le travail de l’éleveur : moins
de manipulation de litière, moins de gaz toxiques, surtout moins de travail de
nettoyage.
Une grande
avancée non ? Mais tout n’est pas encore gagné, nous n’en sommes qu’au stade
recherche et compréhension. J’ai eu l’occasion de travailler sur ce projet
pendant un mois, et chaque jour les expériences se répétaient… les veaux
comprennent-ils que lorsqu’ils sont dans ce local spécifique ils doivent
uriner ? Et bien la réponse est oui
pour la plupart d’entre eux, dans une précédente étude cinq sur six avaient
réussi les épreuves ! Un long travail d’observation et de patience mais
qui à terme apportera une amélioration globale aux hommes et aux animaux. Un
projet très original, mais qui après réflexion pourrait révolutionner le monde de
l’élevage.
Le 1er
septembre je quittais, à regret, le monde de la recherche, c’est ça
l’expérience internationale !
TNLA Productions