Pompier volontaire au
Swaziland
Le Swaziland, ça vous parle ??? Pas plus que ça ?
Normal, c’est complètement inconnu au bataillon ! C’est un petit royaume,
le dernier royaume traditionnel d’Afrique, encré entre l’Afrique du Sud et le
Mozambique. C’est un pays très diversifié et très riche par ses paysages et sa
culture, mais durement touché par les inégalités sociales, la pauvreté et le
Sida. En 2010, j’ai eu l’occasion d’y partir avec comme ambition de
perfectionner mon anglais et surtout de travailler dans une grande ferme
agricole : E.I Ranch ! Cette exploitation de type polyculture élevage
possède 1300ha de terres, dont la majeure partie est destinée à l’alimentation
des 250 vaches Drakensberg que compte cette exploitation. Ces vaches sont
conduites de façon extensive et sont destinées à produire des veaux et de la
viande. Le climat local permet des
cultures multiples. On y fait pousser de la canne à sucre, des pommes de terre
et surtout des « baby vegetables » ou « petits légumes » en
français. Ce sont des carottes, du maïs, des courgettes, des cornichons, des pâtissons
et toute une multitude de ces légumes miniatures qui sont ensuite vendus en
France via le grand marché de Rungis. J’ai donc passé un mois là-bas pendant
les grandes vacances de l’été 2010 (l’hiver dans l’hémisphère sud).
Grande ferme de E.I Ranch |
Premier grand choc, les patrons sont blancs et les ouvriers
agricoles sont noirs… second grand choc, je suis blanc, donc je suis un « patron » !
C'est là que ça se complique : je viens tout juste d’avoir 16 ans, je débarque
seul dans un pays totalement inconnu, où je ne connais personne, où il faut
parler anglais et où je vais avoir une vingtaine d’Hommes à gérer et des responsabilités au niveau l’organisation
du travail. Je peux vous assurer qu’à cet âge on ne comprend pas tout ce qui
vous arrive ! Les responsables du ranch me disaient bien qu’il ne fallait
pas discuter avec les ouvriers, donner un coup de main, qu’il fallait garder
une certaine distance entre eux et nous. Les ouvriers au nombre de 250 étaient
logés dans des conditions déplorables et rémunérés 2€ par jour de travail. Une aberration pour moi, jeune adolescent débarqué
en terre inconnue. A peine remis de mes émotions, dès le lendemain matin, et comme
tous les matins pendant mon séjour, c’est debout à quatre heures, direction le
bureau où l’on organise tous les travaux de la journée et la répartition des
tâches. A cinq heures premier contact avec les « employés », je leur
explique ce qu’ils devront faire, puis je les conduis jusqu'à leurs différents lieux
de travail. Ensuite la journée s’enchaîne :
suivi des animaux, des cultures, estimation des rendements, gestion de
l’irrigation…
Cultures de maïs, canne à sucre, légumes |
…et jouer à l’apprenti
pompier ! Et oui, pendant mon
séjour dans cette grande ferme du Swaziland, plus de 400ha de friches ont
brûlés. Pour la plupart, ces incendies étaient volontaires, causés par des
voisins plus ou moins jaloux. A ce moment-là, branle-bas de combat, rapatriement
de tous les hommes, distribution de toiles de jutes imbibées d’eau, de briquets
et de tonnes à eau car, dans un pays aussi démuni, les pompiers n’existent pas,
c’est à la ferme d’éteindre son propre incendie. Vu la sécheresse habituelle en
cette saison les flammes progressaient
avec l’aide du vent, et nous, nous tentions avec nos faibles moyens d’arrêter
ce gigantesque incendie. Accompagné de mes « hommes » j’avais l’ordre
de protéger un coin de la ferme et de limiter l’avancée du feu…mais je n’avais
que 16 ans et aucune expérience en ce domaine. Les ouvriers bien plus au fait
que moi m’ont alors tout appris, ils m’ont protégé car le vent tournait et ça
devenait très dangereux. D’urgence nous avons dû quitter les lieux et une fois
sortie de cette fumée opaque, j’ai rapatrié tous les gars avec la seule voiture
disponible, moi au volant et eux sur le plateau arrière…car j’étais le seul à
savoir conduire du haut de mes premières leçons de « conduite accompagnée » !!! L’entraide et l’acharnement
nous ont permis de maîtriser le feu, enfin, et pour fêter ça un grand match de
foot a été organisé dans la ferme. C’était un vrai moment de bonheur, de
partage. Une expérience magnifique, difficile, mais tellement enrichissante.
Moi au bord d'un lac avec des crocodiles en plein milieu de la ferme |
Après un grand mois de travail sur la ferme, entrecoupé de
quelques visites et de belles rencontres, il était déjà temps de partir. C’est
fou comment on s’attache vite aux personnes qui vous entourent, patrons comme
ouvriers. J’ai pu échanger avec beaucoup de monde en essayant de baragouiner en
anglais et en « Swazi ». Ils voulaient tous savoir comment c’était en
France, ils me parlaient tous de Zidane, de la tour Eiffel, de Paris mais aussi
de leur culture, de leur vie et de leurs difficultés. Le départ fût un moment dur
et émouvant et le retour en France fût un autre choc avec une telle différence
de culture et de richesse qui vous saute au visage. Après ce mois passé au
Swaziland, coupé de tout comme vivant sur une autre planète, j’ai vécu une
grosse remise en question et j’ai pris conscience de la chance que j’avais de
vivre en France, de suivre des études et de pouvoir voyager. C’est humainement l’expérience la plus enrichissante
qui m’a été donné de vivre, elle m’a beaucoup apporté dans ma vie de tous
les jours et m’aide encore aujourd’hui dans de nombreuses réflexions. Cette
escapade d’un mois dans ce magnifique royaume restera à jamais gravée dans ma
mémoire… et ma seule hâte est d’y repartir pour mesurer les évolutions probables et
revivre en souvenir un pan de ma jeunesse!
Un des 250 ouvriers (responsable de la serre) TNLA 2014 |
C'est une très jolie expérience :)
RépondreSupprimerOh oui, je ne pourrais jamais l'oublier celle la :)
Supprimerun dépaysement total et un bien beau voyage!!
RépondreSupprimerEn effet, très beau voyage, et pour ce qui est du dépaysement, on ne s'imagine même pas à voir ça en arrivant sur la ferme, en tout cas je ne m'attendais en aucun cas à cette expérience, mais le plus gros dépaysement qu'il puisse y avoir, c'est bien le retour en France !
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